Steve Guerdat remporte le TOP Ten Rolex

À concours exceptionnel, épreuve exceptionnelle et…vainqueurs exceptionnels!

Déterminé et en liaison parfaite avec son toujours combatif Venard de Cerisy, Steve Guerdat remporte la finale du Top Ten Rolex, réussissant ainsi à être le seul cavalier à remporter trois fois le titre de cette épreuve aussi mythique que relevée dont il fut vainqueur en 2010 avec Jalisca Sollier et en 2018 avec le puissant Alamo.

Le cavalier Jurassien, champion toutes catégories, vient ainsi souffler la victoire aux tenants du titre, Henrick Von Eckermann et King Edwards qui, dans leur chasse au temps, commettent une faute au second round. Kent Farrington n’aura pas démérité avec sa bien nommée Greya qui du haut de ses neuf ans réussit, malgré une faute au premier tour, à s’octroyer un sans faute en seconde manche, propulsant ainsi son fin cavalier à la troisième place du podium.

En réunissant les 10 meilleurs mondiaux, il est évident que chaque duo en piste avait sa chance, mais en ouvreur de ce parcours hors norme et donc sans repère pour les meilleures trajectoires, Shane Sweetnam et son longiligne James Kann Cruz se devaient de faire au mieux pour espérer se maintenir en outsider en seconde manche. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’irlandais n’était pas venu pour une balade au Palexpo et tout en avançant dans ses foulées, il réussit à mener son gris au sans faute. Très belle performance d’un duo que l’on n’attendait sans doute pas à voir s’en sortir aussi aisément.

Sans doute un peu emballé par cette prestation, on s’attendait à voir se succéder les sans fautes.

Mais le sport de haut niveau ne laisse guère de place à « l’à peu près », fusse-il réalisé par des champions indiscutables. Et là, dans le Top Ten, nous sommes le très, très haut niveau. Du sport comme on l’aime, alliant maitrise et audace, pour que sans artifice, la victoire se fasse.

Le chef de piste Gérard Lachat se devait d’élaborer un parcours à la hauteur de l’évènement, tout en prenant compte la valeur intrinsèque des couples en lice. Sans doute là aussi une réelle prouesse pour l’architecte de cette épreuve tant convoitée par l’élite du jumping mondial.

Du coup, avec des cotes au maximum et des distances au cordeau, la précision était de mise.

Bien qu’habitués à de telles exigences, certains se retrouvaient tout de même bien fautifs. Ainsi, Max Kuhner et Harrie Smolders écopaient de douze points, Simon Delestre, Ben Maher et Martin Fuchs en engrangeaient huit . Malgré leur application, Julien Epaillard et Kent Farrington essuyaient chacun une faute dans ce premier round. Seuls Steve Guerdat et le favori Henrick Von Eckerman réussissaient à maintenir le sans faute pour rejoindre l’irlandais en seconde manche.

Le suspens fut alors à son comble, d’autant que les fautifs du premier tour avaient à cœur de redresser la barre. Certes, pour les plus fautifs, la messe était dite, mais chacun se faisait un honneur de conclure sur une meilleure note.

Max Kuhner avec EIC Up Too Jacco Blue, Harrie Smolders avec Monaco N.O.P.,Ben Maher avec Faltic et Martin Fuchs avec Conner Jei s’extirpaient dignement sans faute, tout comme Simon Delestre qui du coup termine au pied du podium avec son bondissant Dexter Fontenis Z. Moins en verve ce soir, Julien Epaillard commet deux fautes supplémentaires dans cette ultime partie, terminant ainsi à la 8e place avec Dubaï du Cèdre.

La plus belle remontée au classement est à mettre à l’ordre de Kent Farrington, qui malgré une moindre expérience de sa jument à ce niveau d’épreuve, en prouvait toute la valeur en bouclant sans faute son dernier parcours pour une troisième place au podium.

Un podium que Shane Sweetnam aurait sans doute voulu atteindre après les déboires d’Henrick Von Eckerman qui essuyait une faute en tentant de réduire une distance.

Mais avec le magnifique sans faute de Steve Guerdat qui plaçait Venard de Cerisy sur orbite, l’irlandais ne pouvait trop assurer le chrono et il se devait d’aller au plus vite pour espérer l’emporter devant le Jurassien.

Hélas, après avoir maintenu le suspens aux deux tiers du parcours, les choses se gâtaient dans l’ultime boucle, enchainant deux fautes jusqu’à l’arrivée.

Même si l’on sait le public genevois fairplay, le Palexpo exultait alors de toute part en sachant la victoire acquise à Steve Guerdat.

Honnêtement, même s’il on se doit aussi de saluer les performances de chacun, ceux qui ont pu assister au Top Ten, ou suivre cet évènement en direct et gratuitement sur la web TV du site, seront d’accord pour dire que Steve Guerdat et Venard de Cerisy l’on bien mérité cette victoire.

Un immense bonheur se diffusait dans les travées du Palexpo. Famille, amis et supporters suisses, mais aussi tous les passionnés de sports équestres, venaient de vivre un très grand moment que seuls quelques rares grands évènements tels que les J.O, des championnats du Monde ou autres compétitions de hauts rangs peuvent égaler. Dans quel autre sport se dispute une telle épreuve, confrontant directement les dix meilleurs de la discipline?

La remise des prix témoignait de toute l’importance qu’accordent ces champions à un tel évènement. Tel un filet d’eau de la Lucelle, les larmes qui s’écoulaient discrètement sur les joues du vainqueur qui embrassait la coupe, le regard vers le ciel, rajoutaient encore de l’émotion en imaginant vers qui pouvaient aller ses pensées les plus profondes…

La gorge serrée, Steve Guerdat saluait la foule , puis adressait ses premiers mots à son partenaire du jour.

– » Venard est un cheval extraordinaire. Même s’il ne dispose pas de tous les atouts, il répond toujours au mieux de ses moyens . Je sais que je peux toujours compté sur lui. Il est avec moi depuis quelques années maintenant et il a déjà remporté de belles épreuves et contribué à de belles victoires en coupe des nations. Mais il lui manquait un titre glorieux pour s’afficher au même rang que les cracks que j’ai en photo au manège. C’est chose faite! Il le mérite tellement, tout comme Sabina Cartossi, sa propriétaire que je remercie énormément pour sa confiance et sa fidélité. »-

Alors oui! Osons les éloges, car si peu reliés dans les grands médias, ces cavaliers de haut niveau et leurs chevaux d’exception méritent sans doute autant de superlatifs que certains buts ou autres paniers marqués certes avec talent, mais quand bien même, avec quelle âme?

Car au-delà d’un cavalier hors norme, Steve Guerdat à l’âme d’un véritable champion. Ses titres olympiques, mondiaux, européens et autres victoires de haut rang en témoignent déjà. Il vit pour ce sport, ses chevaux auxquels il croit souvent avant les autres et souvent aussi, à l’encontre des courants « bien pensants ».

Un brin timide, son caractère n’en est pas moins trempé par l’âme d’une famille dont ses aïeux lui ont sans doute transmis cette nécessité de s’impliquer dans l’effort pour vaincre dans l’adversité. Mais il a su y apporter son souffle, son audace et son brin de malice.

Progressant au fil du temps, une certaine sagesse l’a sans doute aussi rejoint, mais à n’en pas douter, il n’a pas fini de nous épater ce Monsieur…

D’ailleurs suite au prochain épisode dès dimanche, avec le Grand Prix Rolex du Grand Slam qui promet là encore un très grand moment de sport.

Les résultats complets ICI

Ch. GERHARD pour Jumpinews.com

© PHoto CHI GENEVE.