Steve Guerdat : Arrêt sur image !

Steve Guerdat : Arrêt sur image !

3 septembre 2023 Non Par Jumpinews
Dans les yeux d’un champion. ©D.R CG jumpinews.com

Il y a des images qui valent souvent bien des mots.

L’une de celles qui m’auront marqué lors de ces championnats d’Europe est arrivée quasiment à la fin. Chacun en interprètera sa vision, mais j’avais envie de vous faire partager la mienne, fusse -t-elle subjective.

Nous sommes à la remise des prix. Après les premières scènes de joies partagées entre famille, amis, cavaliers, grooms et toute une foule de supporters, Steve Guerdat entre en piste avec sa flamboyante Dynamix de Belheme. Les honneurs sont d’abord rendus comme il se doit à Julien Epaillard, médaillé de bronze avec le puissant Dubaï du Cèdre et Philipp Weishaupt qui décroche la médaille d’argent avec le félin Zineday.

 Puis le champion se hisse à son tour sur le podium. Dans une révérence de circonstance, on lui enfile sa médaille d’or qu’il saisit à pleines dents, avant de la brandir fièrement en saluant le public.

Arrive l’instant solennel. Suivant le protocole, on fait sonner l’hymne national de la patrie du vainqueur. Le podium se tourne alors vers le drapeau rouge à croix blanche qui ondule sous la légère brise milanaise de San Siro.

Après les clameurs, le silence laisse place à l’émotion bercée d’une mélodie légère d’un hymne en musique, mais joué sans paroles.

On sent pourtant que dès les premières notes, l’émotion atteint le champion suisse en plein cœur. Entend-il au fond de lui le premier couplet qui résonne ?

Sur nos monts, quand le soleil
Annonce un brillant réveil,
Et prédit d’un plus beau jour le retour,
Les beautés de la patrie
Parlent à l’âme attendrie;
Au ciel montent plus joyeux
Au ciel montent plus joyeux
Les accents d’un cœur pieux,
Les accents émus d’un cœur pieux.

Et là, l’image se fige sur Steve Guerdat.

 L’instant est aussi bref que le répit accordé au vainqueur après tant d’épreuves. Visage tendu, les tempes creusent, ses yeux s’embrument en fixant l’horizon. Ses lèvres se resserrent comme pour mieux contenir l’émotion d’une gorge qui ne demande pourtant qu’à laisser s’échapper toute la pression contenue depuis des jours.

À quoi, à qui, songe-t-il à ce moment ? On ne sait pas vraiment, mais on l’imagine envahi d’émotions. Un étrange mélange de sentiments où règne à la fois la fierté d’avoir réussi un véritable exploit sportif et un accomplissement personnel. Mais chez les Guerdat il y a aussi l’esprit de famille. Alors, il n’a sans doute pas oublié de penser à ses proches, comme à tous ceux qui n’ont jamais manqué de le soutenir.

Il en va sans doute aussi ainsi pour ses deux autres partenaires au podium, mais l’image était trop belle pour que l’on s’en échappe.

Steve Guerdat reste ainsi figé et pensif  jusqu’à la dernière note du cantique suisse.

Puis, se tournant vers les tribunes comme un artiste revient sur scène pour saluer le public, son visage s’illumine à nouveau. Nos trois médaillés ne se font pas prier pour agiter les bouteilles de mousseux et comme souvent en piste, Julien Epaillard est encore le plus rapide. Le bouchon s’envole et le normand arrose copieusement le champion qui désespère d’ouvrir son magnum doré. Qu’à cela ne tienne. Profitant d’une grande rasade qui coule à flots, le jurassien rompt le protocole en courant, bouteille à la main, jusqu’à la tribune où se tient la délégation de supporters helvétiques. La famille Guerdat en constitue d’ailleurs l’essentiel. Escaladant dans la foulée portiques et barrières, Steve tend la bouteille à un cousin puis à son oncle qui en profite pour l’embrasser. Maman est juste à côté et d’un tendre baisé elle le laisse s’échapper pour retrouver la selle de sa championne de jument.

La suite s’efface dans un tour d’honneur aux côtés de Weishaupt et Epaillard qui lui accordent comme il se doit de conclure seul ces championnats d’Europe dont il est le grand vainqueur avec sa Dynamix de Belheme.

Même si aux yeux du grand public, cette médaille d’or n’a peut-être pas la même candeur qu’un titre olympique, nul doute que le champion des jeux de Londres savourera pleinement ce titre continental tant convoité.

Une nouvelle performance à mettre au palmarès de Steve Guerdat et nul doute qu’il va y avoir bien du monde pour le féliciter, l’étreindre ou lui envoyer un message pour lui dire ô combien ils ont toujours cru en lui…

Patient, mais déterminer à s’améliorer, encore et encore, Steve avoue déjà qu’il peut encore améliorer sa complicité avec Dynamix de Belheme qui par son talent fait aussi briller l’élevage et le studbook du Selle Français.

De bon augure en vue des J.O de Paris 2024.

© Christian GERHARD.